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Famille

Problèmes de santé mentale chez les enfants : quelle est la prévalence ?

Dans les chambres d’enfants, les monstres ont changé de visage. Là où régnait jadis la peur du noir, s’installe désormais une inquiétude plus diffuse, plus sourde : celle qui ne disparaît pas à la lumière du jour. Les adultes, happés par le tumulte quotidien, passent parfois à côté de ces tempêtes intérieures qui secouent les plus jeunes, discrètement, loin du tumulte des cours de récréation.

Derrière les sourires figés sur les photos de classe, combien d’enfants se débattent avec une tristesse tenace ou une anxiété qui colle à la peau ? La santé mentale des enfants s’impose désormais au centre du débat public, avec une prévalence qui interroge autant qu’elle alerte parents et spécialistes.

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Panorama actuel de la santé mentale chez les enfants

Les données collectées par Santé publique France offrent un éclairage inédit sur l’état psychique de nos écoliers. L’étude Enabee, pionnière en la matière, s’appuie sur la participation de près de 400 écoles réparties sur tout le territoire métropolitain : plus de 15 000 enfants, autant d’enseignants, et 10 000 parents. Cette démarche, inédite, rassemble les regards croisés de l’enfant, de l’adulte à la maison et de celui à l’école, dessinant une carte précise des troubles psychiques chez les 3 à 11 ans, sans distinction de niveau scolaire ni de secteur.

Ce que dévoile Enabee : 13 % des enfants de 6 à 11 ans sont concernés par au moins un trouble probable de santé mentale. Parmi eux, 5,6 % présentent des troubles émotionnels comme l’anxiété ou la dépression, 6,6 % souffrent d’un trouble oppositionnel, et 3,2 % d’un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Les troubles émotionnels touchent majoritairement les filles ; le trouble oppositionnel et le TDAH frappent davantage les garçons.

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  • 13 % des enfants de 6 à 11 ans présentent au moins un trouble probable.
  • Le score moyen de bien-être déclaré par les enfants s’établit à 71/100.
  • Aucune variation observée selon le niveau scolaire ou le secteur d’enseignement.

En parallèle, la Drees brosse un tableau complémentaire : entre mars 2020 et juillet 2021, 12 % des garçons et 13 % des filles âgés de 3 à 17 ans ont consulté un professionnel pour une raison psychologique. L’étude Enabee, réitérée régulièrement, permettra de suivre l’évolution de ces chiffres et de mesurer l’impact des crises collectives à venir.

Quels troubles sont les plus fréquents et comment les reconnaître ?

L’enquête Enabee distingue trois grands types de troubles psychiques chez les enfants en âge scolaire. Première famille : les troubles émotionnels (5,6 % des 6-11 ans), principalement anxiété et dépression, plus fréquents chez les filles. Ils se manifestent par un repli sur soi, une tristesse qui s’éternise, des inquiétudes persistantes, et une perte d’intérêt pour les jeux ou les amis.

Deuxième profil : le trouble oppositionnel, qui concerne 6,6 % des enfants et touche surtout les garçons. Il se traduit par une opposition fréquente à l’autorité, une irritabilité quasi quotidienne, voire une propension à la provocation. Enfin, le TDAH (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), touche 3,2 % des enfants, là encore principalement des garçons. Les signes : difficultés à se concentrer, agitation incessante, impulsivité, refus de suivre les règles imposées.

  • Les troubles émotionnels : anxiété, dépression, surtout chez les filles.
  • Le trouble oppositionnel et le TDAH : plus souvent rencontrés chez les garçons, se traduisent par agitation, impulsivité, opposition aux règles.

Pour détecter ces troubles, un regard collectif s’impose. Parents comme enseignants sont souvent les premiers à remarquer une chute des résultats scolaires, des changements d’humeur, des difficultés avec les camarades. Ces indices, même discrets, méritent toute l’attention nécessaire pour permettre un accompagnement rapide et adapté.

Chiffres clés : quelle est la prévalence réelle aujourd’hui ?

L’enquête Enabee de Santé publique France pose un jalon inédit : 13 % des enfants de 6 à 11 ans présentent au moins un trouble probable de santé mentale. Cette proportion, stable quel que soit le niveau scolaire ou l’établissement, jette une lumière crue sur une réalité jusqu’ici largement sous-estimée.

Entre mars 2020 et juillet 2021, ce sont 12 % des garçons et 13 % des filles âgés de 3 à 17 ans qui ont eu recours à un professionnel pour une difficulté psychologique, selon la Drees. Une progression nette, accélérée par la crise sanitaire et ses multiples répercussions sur le quotidien familial.

Le bien-être subjectif, lui, atteint en moyenne 71 sur 100, un repère intéressant mais qui masque des écarts importants selon l’environnement familial ou social. Ce score servira de base pour observer, à long terme, l’évolution des fragilités psychiques.

  • 13 % des enfants de 6 à 11 ans concernés par un trouble psychique probable
  • 12 à 13 % des enfants et adolescents ont consulté pour motif psychologique sur dix-huit mois

L’enquête Enabee, reconduite dans le temps, permettra de surveiller ces tendances et d’affiner la compréhension de l’impact des secousses collectives sur la santé mentale des plus jeunes. Sa nouveauté majeure : donner enfin la parole aux enfants eux-mêmes dans l’évaluation de leur mal-être.

enfants stress

Comprendre les enjeux pour mieux accompagner les enfants concernés

La pandémie de Covid-19 n’a pas seulement bouleversé les emplois du temps : elle a mis en lumière, et parfois amplifié, les fragilités enfouies. Détresse psychologique, isolement, troubles du sommeil ou irritabilité se sont installés dans le quotidien de nombreux enfants. Les familles les plus précaires, déjà fragilisées, ont vu ces difficultés s’accroître, leurs enfants exposés à une accumulation de facteurs de risque émotionnel, comportemental et relationnel.

Pour y répondre, le dispositif Mon Soutien Psy propose désormais huit séances remboursées chez un psychologue dès l’âge de trois ans. Un progrès reconnu, mais qui exige une collaboration resserrée entre parents, enseignants et professionnels de santé. Sur le terrain, la nécessité d’une attention conjointe, d’une écoute fine et d’une formation spécifique pour repérer sans tarder les signes d’alerte, s’impose avec force.

  • Les enfants issus des milieux les plus fragiles cumulent davantage de facteurs de risque.
  • La mobilisation des écoles et des familles reste décisive pour un accompagnement efficace.

Nolwenn Regnault, de Santé publique France, souligne : la voix de l’enfant, enfin entendue, bouleverse les repères et ouvre de nouvelles perspectives pour mieux comprendre et agir. Agir tôt, faciliter l’accès aux soins, s’attaquer aux inégalités sociales : autant de leviers pour que le tumulte intérieur des enfants ne soit plus condamné au silence. Reste une question : serons-nous capables, collectivement, de ne plus détourner le regard ?

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